Bonjour,
Je travaille sur une nouvelle à chute : Le reflet de Didier Daeninckx
mais une question à laquelle je dois répondre me bloque :
- Relevez les indices qui aiguillent le lecteur vers la chute et ceux qui l'égarent afin de le surprendre.
J'ai donc cherché attentivement dans le texte mais je n'ai rien trouvé, pouvez-vous m'aider, s'il vous plait ?
« Le Reflet »
Toujours en train de gueuler, d’éructer, d’agonir ! Derrière son dos, ça fusait, les insultes. Le porc, l’ordure, le Führer... Impossible de tenir autrement. Les courbettes par-devant, les salamalecs, le miel, le cirage. Et l’antidote dès la porte franchie. Apprendre à sourire dans le vide en serrant les dents. Le pire c’était les premiers temps, quand on arrivait à son service, alléché par le salaire de mille dollars nourri-logé... Il vous laissait approcher en vous regardant de ses yeux morts et vous plaquait les mains sur le visage, vérifiant l’ourlé des lèvres, l’épatement du nez, le grain de la peau, le crépu des cheveux. Au moindre doute, le vieux se mettait à hurler de dégoût.
— Enfants de pute, virez-moi ça, c’est un Noir !
Le type y allait de sa protestation.
— Non monsieur, je vous jure...
Mais ça ne servait à rien. Il repartait plein d’amertume un billet de cent dollars scotché sur la bouche, incapable de comprendre qu’il était tombé du bon côté et que l’horreur attendait les rescapés surpayés de la sélection.
L’aveugle habitait un château construit à flanc de colline, à quelques kilomètres de Westwood et toute la communauté vivait en complète autarcie sur les terres environnantes, cultivant le blé, cuisant le pain, élevant le bétail. Le vieux ne s’autorisait qu’un luxe : l’opéra et les cantatrices blanches qu’il faisait venir chaque fin de semaine et qui braillaient toutes fenêtres ouvertes, affolant la basse-cour.
Il ne dormait pratiquement pas, comme si l’obscurité qui l’accompagnait depuis sa naissance lui épargnait la fatigue. Ses gens lui devaient vingt-quatre heures quotidiennes d’allégeance. Le toubib vivait en état d’urgence permanent et tenait grâce aux cocktails de valium et de témesta qu’il s’ingurgitait matin, midi et soir. Le vieux prenait un malin plaisir à l’asticoter, contestant ses diagnostics, refusant ses potions. Ces persécutions n’empêchèrent pas le docteur d’avertir son patient de la découverte d’un nouveau traitement qui parvenait à rendre la vue à certaines catégories d’aveugles. Le vieux embaucha une douzaine d’enquêteurs aryens et leurs investigations établirent que le procédé en question ne devait rien aux Noirs.
On fit venir à grands frais la sommité et son bloc opératoire. Le vieux se coucha de bonne grâce sur le billard et s’endormit sous l’effet du penthotal. Il se réveilla dans le noir absolu et demeura trois longs jours la tête bandée, ignorant si ses yeux voyaient ou non ses paupières.
Le chirurgien retira enfin les pansements. Le vieux ouvrit prudemment les yeux et poussa un cri terrible. Un Noir à l’air terrible lui faisait face. Il se tourna vers le chirurgien, terrorisé.
— Qu’est-ce que ça veut dire ! Foutez-le dehors...
Le toubib qui nettoyait les instruments s’approcha doucement de lui, posa la main sur son épaule et l’obligea à regarder droit devant lui.
— Alors il faut que vous sortiez... Ce que vous avez devant vous s’appelle une glace, monsieur : ceci est votre reflet.
Merci, Lucie
Le reflet de Didier Daeninckx
Modérateur : moderateur
Re: Le reflet de Didier Daeninckx
Lucie,
Tu sais bien, si tu as lu la charte du forum, que personne ici ne fera le travail à ta place ... Tu dois donc montrer un peu plus de courage.
Essaie d'abord de dire ce que tu as compris de la nouvelle : qui en est le personnage principal ? comment se comporte-t-il ? que lui arrive-t-il ? comment comprends-tu la chute ?
C'est en répondant à ces questions que tu pourras commencer à chercher ce qui nous entraîne, nous lecteurs, vers une interprétation, et qui rend totalement inattendu ce qui se passe à la fin.
Tu sais bien, si tu as lu la charte du forum, que personne ici ne fera le travail à ta place ... Tu dois donc montrer un peu plus de courage.
Essaie d'abord de dire ce que tu as compris de la nouvelle : qui en est le personnage principal ? comment se comporte-t-il ? que lui arrive-t-il ? comment comprends-tu la chute ?
C'est en répondant à ces questions que tu pourras commencer à chercher ce qui nous entraîne, nous lecteurs, vers une interprétation, et qui rend totalement inattendu ce qui se passe à la fin.
Re: Le reflet de Didier Daeninckx
Eh bien, le personnage principal est le vieillard, c’est un vieil homme riche, odieux, agressif et raciste, il est aveugle et subit une opération qui lui fait recouvrir la vue. Pour moi, la chute veut dire qu'il faut peut-être se regarder soi-même avant de juger les autres, mais comme ce vieil homme était aveugle il ne pouvait pas le savoir donc cela fausse ma réponse, non ?
Donc à partir de ça, on peut se dire que quelqu'un qui n'aime pas les noirs ne peut bien évidemment pas être noir, sinon cela n'aurait aucun sens. C'est ce qui nous égare.
Par contre je ne comprend pas ce que le professeur attend lorsqu'il demande : relevez les indices qui aiguillent le lecteur vers la chute.
Donc à partir de ça, on peut se dire que quelqu'un qui n'aime pas les noirs ne peut bien évidemment pas être noir, sinon cela n'aurait aucun sens. C'est ce qui nous égare.
Par contre je ne comprend pas ce que le professeur attend lorsqu'il demande : relevez les indices qui aiguillent le lecteur vers la chute.
Re: Le reflet de Didier Daeninckx
Lucie,
Tu as bien compris l'histoire, mais que veux-tu dire par "il faut se regarder soi-même avant de regarder les autres" ? Ne crois-tu pas que, pour éviter le racisme, il faille d'abord regarder les autres plutôt que soi ??? Si l'on considère que son propre comportement, ses propres valeurs, sont les seules valides, c'est alors qu'on est raciste. Si l'on regarde comment vivent les autres, à quoi ils s'attachent, alors on a moins de risque de considérer que ses propres valeurs valent mieux que celles d'autrui. Quoi qu'il en soit, dans cette nouvelle, le "héros" a fait siennes les "valeurs" ordinairement racistes, et découvre avec horreur qu'il fait partie depuis toujours de la catégorie de gens qu'il exècre le plus au monde. Il devient à ses propres yeux son pire ennemi.
Tu as donc raison pour ta deuxième réponse : il paraît impensable qu'un noir soir raciste envers les noirs ! C'est ce qui fait la saveur de la nouvelle : le héros doit logiquement se détester lui-même (et c'est pour le moins inconfortable !!!). On ne s'attend pas du tout à cette fin, aucun indice ne nous la fait subodorer.
Pour la première réponse, tu as raison également : rien ne nous met sur la voie, mis à part l'intervention très calme du médecin à la fin. Mais c'est tout à fait logique : pour être surprenante, une chute ne peut pas être annoncée ni même suggérée ! Il faut vraiment que le film que nous nous sommes construit jusqu'ici vole en éclats et que nous devions absolument tout reconstruire, sans avoir eu les moyens de deviner auparavant quoi que ce soit sur cette fin.
Ce que nous suggère peut-être cette nouvelle, c'est que certaines réactions racistes sont très surprenantes, parce venant de personnes qui pourraient, ou devraient plutôt, se sentir elles-mêmes victimes de ces formes de racismes : le héros est un bourreau alors qu'il aurait pu se sentir victime !
Tu dois maintenant procéder à des relevés, comme te le demande ton professeur. Propose-nous le résultat de ton travail si tu le souhaites.
Tu as bien compris l'histoire, mais que veux-tu dire par "il faut se regarder soi-même avant de regarder les autres" ? Ne crois-tu pas que, pour éviter le racisme, il faille d'abord regarder les autres plutôt que soi ??? Si l'on considère que son propre comportement, ses propres valeurs, sont les seules valides, c'est alors qu'on est raciste. Si l'on regarde comment vivent les autres, à quoi ils s'attachent, alors on a moins de risque de considérer que ses propres valeurs valent mieux que celles d'autrui. Quoi qu'il en soit, dans cette nouvelle, le "héros" a fait siennes les "valeurs" ordinairement racistes, et découvre avec horreur qu'il fait partie depuis toujours de la catégorie de gens qu'il exècre le plus au monde. Il devient à ses propres yeux son pire ennemi.
Tu as donc raison pour ta deuxième réponse : il paraît impensable qu'un noir soir raciste envers les noirs ! C'est ce qui fait la saveur de la nouvelle : le héros doit logiquement se détester lui-même (et c'est pour le moins inconfortable !!!). On ne s'attend pas du tout à cette fin, aucun indice ne nous la fait subodorer.
Pour la première réponse, tu as raison également : rien ne nous met sur la voie, mis à part l'intervention très calme du médecin à la fin. Mais c'est tout à fait logique : pour être surprenante, une chute ne peut pas être annoncée ni même suggérée ! Il faut vraiment que le film que nous nous sommes construit jusqu'ici vole en éclats et que nous devions absolument tout reconstruire, sans avoir eu les moyens de deviner auparavant quoi que ce soit sur cette fin.
Ce que nous suggère peut-être cette nouvelle, c'est que certaines réactions racistes sont très surprenantes, parce venant de personnes qui pourraient, ou devraient plutôt, se sentir elles-mêmes victimes de ces formes de racismes : le héros est un bourreau alors qu'il aurait pu se sentir victime !
Tu dois maintenant procéder à des relevés, comme te le demande ton professeur. Propose-nous le résultat de ton travail si tu le souhaites.