Le Roi se meurt de Ionesco

[nicolas1963]

Bonjour
Je dois faire un commentaire du passage " Bonjour Marie Bonjour Marguerite ......Va donc nettoyer", une tirade de Ionesco dans Le Roi se meurt.
Quelqu'un peut il m'aider.
Merci

[professeur 12]

Bonjour Nicolas,
Le commentaire que tu as à réaliser est simple.
Conseil : tu vas d'abord chercher les principaux champs lexicaux du passage, par exemple celui du roi ou si tu préfères du pouvoir.
Une fois que tu les auras trouvés tu auras des pistes d'analyses et à partir de là tu développeras un commentaire.
Toutefois as-tu des consignes précises ? Sinon réalise cette méthode et tiens-nous au courant de tes progrès.

[Emilie]

Bonjour, je dois également faire un commentaire sur ce passage.
Les axes donnés sont :
- La désacralisation du Roi par Ionesco
- Le malaise existentiel du Roi
- L'image d'un univers incohérent et en dégradation

J'ai réussi à trouver quelques éléments me permettant de commencer ce commentaire, mais il y a quelques phrases dont je ne saisis pas tout à fait le sens.
Par exemple "cette terre qui craque, ces frontières qui reculent" (l. 19)
Parle-t-il des guerres? Ou des "plaques tectoniques" en mouvement?
D'autre part, concernant l'axe "univers incohérent", je n'ai relevé que peu d'informations.. Pouvez-vous m'aider s'il vous plaît?
Merci d'avance.

[professeur 8]

Bonsoir Emilie,

Tu as dû comprendre que l'environnement subit des dégradations comparables à celles que vit le roi. Dans ce qui précède le passage que tu as à étudier, Marguerite expose ce délabrement général : "Son palais est en ruines. Ses terres en friche. Ses montagnes s'affaissent. (...) Le royaume est plein de trous comme un immense gruyère."
Elle évoque également les guerres : "Sans parler de toutes ces guerres. Pendant que ses soldats ivres dormaient (...), les voisins repoussaient les bornes des frontières."

Ainsi, il n'est pas besoin, je pense, de parler de tectonique des plaques pour expliquer ces bouleversements tout à fait métaphoriques.

Pour ce qui est de l'incohérence de cet univers, elle apparaît si tu réfléchis aux éléments naturels évoqués dans ce passage : la terre qui craque, le bétail qui beugle, l'Ecole polytechnique qui sombre dans un trou, les toiles d'araignées qui repoussent au fur et à mesure qu'on les enlève ...
Incohérente aussi la réaction du roi, qui parle aux nuages pour leur ordonner de cesser de faire pleuvoir, ou qui renonce à bâtir puisqu'il admet, comme si cela était tout à fait normal, que toutes les bâtisses "tombent dans le trou".

[Emilie]

Merci énormément pour ces explications.

Si cela ne vous dérange pas, j'ai encore plusieurs questions à vous poser.
A la ligne 20 "ces sirènes qui hurlent" : De quoi parle l'auteur? Des sirènes des voitures de police?

Concernant l'axe "Désacralisation du roi", j'ai relevé le fait que le roi utilisait un langage familier pour s'exprimer, et semble être immature.
Y a t-il d'autres éléments? Merci d'avance.

[professeur 8]

Emilie,

Que peuvent bien être ces sirènes ? ... Sans doute, comme tu le proposes, des sirènes de police, ou d'ambulances (et nous sommes alors dans un monde contemporain, en rupture avec le décor défini par l'auteur, et avec certains personnages de style médiéval, ou plutôt "moyenageux", comme le garde tenant une hallebarde - mais la pièce est pleine de ces anachronismes !). Ces sirènes représentent le chaos, l'urgence, la désorganisation.

Bien vu pour le langage familier et l'immaturité du roi. Pense aussi à ses centres d'intérêt : il passe la moitié de sa tirade à se plaindre de ses différents malaises (mal au pieds, mal dormi, lumbago, mal à la tête ...) ; ensuite, il est assez incohérent : s'il a mal au pieds, il l'attribue au fait qu'il a peut-être grandi (!) ; il déclare que les ingénieurs du royaume ne valent rien, puis ajoute "d'ailleurs, nous n'en avons pas" ; il donne des ordres aux nuages et s'étonne de ne pas être obéi ("Il recommence. Idiot de nuage.")Bref, c'est plus que de l'immaturité, c'est vraiment de l'incohérence. D'ailleurs, tout son discours est rempli de coqs-à-l'âne (bonjour, j'ai mal, il y a trop de bruit, je vais agir, j'attends un ingénieur, les nuages et la pluie, et pour finir l'adresse à Juliette : tout cela est inorganisé, décousu, sans queue ni tête).

[Emilie]

Je vous remercie pour toutes ces explications. Cela m'a beaucoup aidée.
Mais puis-je en avoir davantage concernant les "sirènes" (Je ne comprends pas pourquoi cela représente le "chaos, l'urgence, la désorganisation") et la "terre qui craque" ?
La terre qui craque est-elle en comparaison avec l'esprit du roi, ou est-ce quelque chose d'autre?

Une dernière chose : Est-ce vrai qu'Eugène Ionesco s'est inspiré de sa propre vie pour écrire Le roi se meurt?
J'ai lu quelque part qu'il était malade lors de l'écriture de cette pièce, et que cela était un « exercice spirituel » essentiel afin qu'il apprenne à mourir.
Je vous pose la question car je ne voudrai pas mettre des informations totalement fausses dans mon commentaire.
Merci d'avance.

[professeur 6]

Bonjour Emilie,
Je ne suis pas le professeur 8 comme tu vois, mais je vais tenter de répondre à ta question.
Quand on entend les sirènes hurler, c'est qu'il y a eu un accident, une catastrophe; c'est donc la panique et il faut agir dans l'urgence. Voilà donc pourquoi le hurlement des sirènes peut représenter le chaos, l'urgence, la désorganisation.
"La terre qui craque" montre que tout se dégrade, se délabre, à l'image de ce que vit le roi lui-même.

Concernant ta dernière question, j'ignore si Ionesco était malade en écrivant cette pièce (il est mort en 1994 et a publié Le Roi se meurt en 1962. Quoi qu'il en soit, il est important de dire que cette pièce nous invite à réfléchir à notre propre mort et à notre attitude face à cette réalité : le roi la nie d'abord, puis se révolte, pour enfin se résigner. Ionesco se posait évidemment, comme nous tous, un certain nombre de questions au sujet de la mort inéluctable.

J'espère avoir répondu à tes questions.
Bonne journée Emilie.

[Emilie]

Oui, vous avez répondu à mes questions. Merci !
Bonne journée à vous aussi.