Questions Les croix de bois

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Clara

Questions Les croix de bois

Message par Clara » mer. 1 févr. 2012 11:10

Bonjour, j'ai du mal avec la plupart des questions du sujet, pourriez-vous m'aider?





ET C’EST FINI

Et c’est fini…
Voici la feuille blanche sur la table, et la lampe tranquille, et les livres… Aurait-on jamais cru les revoir, lorsqu’on était là-bas, si loin de sa maison perdue ?
On parlait de sa vie comme d’une chose morte, la certitude de ne plus revenir nous en séparait comme une mer sans limites, et l’espoir même semblait s’apetisser, bornant tout son désir à vivre jusqu’à la relève. Il y avait trop d’obus, trop de morts, trop de croix ; tôt ou tard notre tour devait venir.
Et pourtant c’est fini…
La vie va reprendre son cours heureux. Les souvenirs atroces qui nous tourmentent encore s’apaiseront, on oubliera, et le temps viendra peut-être où, confondant la guerre et notre jeunesse passée, nous aurons un soupir de regret en pensant à ces années-là.
Je me souviens de nos soirées bruyantes, dans le moulin sans ailes. Je leur disais : « Un jour viendra où nous nous retrouverons, où nous parlerons de nos copains, des tranchées de nos misères et de nos rigolades… Et nous dirons avec un sourire : « C’était le bon temps ! »
Avez-vous crié, ce soir-là, mes camarades ! J’espérais bien mentir, en vous parlant ainsi. Et cependant…
C’est vrai, on oubliera. Oh ! je sais bien, c’est odieux, c’est cruel, mais pourquoi s’indigner : c’est humain… Oui, il y aura du bonheur, il y aura de la joie sans vous, car, tout pareil aux étangs transparents dont l’eau limpide dort sur un lit de bourbe, le cœur de l’homme filtre les souvenirs et ne garde que ceux des beaux jours. La douleur, les haines, les regrets éternels, tout cela est trop lourd, tout cela tombe au fond…
On oubliera. Les voiles de deuil, comme des feuilles mortes, tomberont. L’image du soldat disparu s’effacera lentement dans le cœur consolé de ceux qu’ils aimaient tant. Et tous les morts mourront pour la deuxième fois.
Non, votre martyre n’est pas fini, mes camarades, et le fer vous blessera encore, quand la bêche du paysan fouillera votre tombe.
Les maisons renaîtront sous leurs toits rouges, les ruines redeviendront des villes et les tranchées des champs, les soldats victorieux et las rentreront chez eux. Mais Vous, ne rentrerez jamais.
C’était le bon temps.
Je songe à vos milliers de croix de bois, alignées tout le long des grandes routes poudreuses, où elles semblent guetter la relève des vivants, qui ne viendra jamais faire lever les morts. Croix de 1914, ornées de drapeaux d’enfants qui ressembliez à des escadres en fête, croix coiffées de képis, croix casquées, croix des forêts d’Argonne qu’on couronnait de feuilles vertes, croix d’Artois, dont la rigide armée suivait la nôtre, progressant avec nous de tranchée en tranchée, croix que l’Aisne grossie entraînait loin du canon, et vous, croix fraternelles de l’arrière, qui vous donniez, cachées dans le taillis, des airs verdoyants de charmille, pour rassurer ceux qui partaient. Combien sont encore debout, des croix que j’ai plantées ?
Mes morts, mes pauvres morts, c’est maintenant que vous allez souffrir, sans croix pour vous garder, sans cœurs où vous blottir. Je crois vous voir rôder, avec des gestes qui tâtonnent, et chercher dans la nuit éternelle tous ces vivants ingrats qui déjà vous oublient.
Certains soirs comme celui-ci, quand, las d’avoir écrit, je laisse tomber ma tête dans mes deux mains, je vous sens tous présents, mes camarades. Vous vous êtes tous levés de vos tombes précaires, vous m’entourez, et, dans une étrange confusion, je ne distingue plus ceux que j’ai connus là-bas de ceux que j’ai créés pour en faire les humbles héros d’un livre. Ceux-ci ont pris les souffrances des autres, comme pour les soulager, ils ont pris leur visage, leurs voix, et ils se ressemblent si bien, avec leurs douleurs mêlées, que mes souvenirs s’égarent et que parfois, je cherche dans mon cœur désolé, à reconnaître un camarade disparu, qu’une ombre toute semblable m’a caché.
Vous étiez si jeunes, si confiants, si forts, mes camarades : oh ! non, vous n’auriez pas dû mourir… Une telle joie était en vous qu’elle dominait les pires épreuves. Dans la boue des relèves, sous l’écrasant labeur des corvées, devant la mort même, je vous ai entendu rire : jamais pleurer. Était-ce votre âme, mes pauvres gars, que cette blague divine qui vous faisait plus forts ?
Pour raconter votre longue misère, j’ai voulu rire aussi, rire de votre rire. Tout seul, dans un rêve taciturne, j’ai remis sac au dos, et, sans compagnon de route, j’ai suivi en songe votre régiment de fantômes. Reconnaîtrez-vous nos villages, nos tranchées, les boyaux que nous avons creusés, les croix que nous avons plantées ? Reconnaîtrez-vous votre joie, mes camarades ?
C’était le bon temps… Oui, malgré tout, c’était le bon temps, puisqu’il vous voyait vivants… On a bien ri, au repos, entre deux marches accablantes, on a bien ri pour un peu de paille trouvée, une soupe chaude, on a bien ri pour un gourbi solide, on a bien ri pour une nuit de répit, une blague lancée, un brin de chanson… Un copain de moins, c’était vite oublié, et l’on riait quand même ; mais leur souvenir, avec le temps, s’est creusé plus profond, comme un acide qui mord…
Et maintenant, arrivé à la dernière étape, il me vient un remords d’avoir osé rire de vos peines, comme si j’avais taillé un pipeau dans le bois de vos croix.


1/ Relevez un verbe qui renvoie au moment de l'écriture, un verbe qui renvoie au moment du souvenir, un verbe qui renvoie au futur. Précisez leurs temps. Pour quelle raison le narrateur évoque-t-il ces trois moments ?

5/ Quelle est la valeur du présent dans la phrase : le coeur de l'homme filtre les souvenirs et ne garde que ceux des beaux jours (l22) ?

6/ Relevez les différentes expressions qui désignent les compagnons du narrateur.

7/ Quels sont les deux champs lexicaux opposés qui renvoient au moment de la guerre ? Relevez quelques termes pour chacun d'eux.

9/ Identifiez la figure de style à la ligne 40, Quel sentiment triomphe ?

Merci d'avance.
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Re: Questions Les croix de bois

Message par professeur 1 » mer. 1 févr. 2012 13:28

Bonjour Clara,
Il est bien difficile d et'aider si tu ne précises pas ce que tu ne comprends pas. Sache que ce forum ne fera pas le travail à ta place.
Reprenons les questions :
1-Le texte évoque 3 moments :
-celui où le narrateur écrit des années plus tard ce qui lui est arrivé ; les verbes sont donc conjugués à un temps précis, celui de l'écriture
-celui qui évoque les souvenirs de la guerre ; les verbes sont alors conjugués à un autre temps
-celui qui envisage l'avenir ; je pense que tu peux aisément identifier le temps employé.
N'oublie pas de citer des verbes et de donner leur temps.

5-Tu as dû revoir cette année qule présent pouvait avoir plusieurs valeurs (le présent d'énonciation, le présent de vérité générale, le présent historique, le présent de narration, ...). Relis ton cours et essaie de trouver la valeur du présent dans la phrase citée.

6-Tu dois relever les expresssions utilisées pour désigner les compagnons du narrateurs. Ce dernier emploie différents mots piur ne pas répéter "les compagnons".

7-Je te rappelle qu'un champ lexical est un ensemble de mots qui se rapportent à un même thème. Tu dois donc en trouver 2 listes de mots qui s'opposent.

9-As-tu recopié le texte en gardant la même configuration ? recopie la ligne 40.

J'attends tes réponses et tes questions si tu en as.
Bon courage.
Clara

Re: Questions Les croix de bois

Message par Clara » mer. 1 févr. 2012 14:35

Bonjour,

C'est vrai que je n'ai pas précisé où j'avais besoin d'aide..
1/ Verbe qui renvoie au moment de l'écriture : Je me souvins ( verbe au présent)
verbe qui renvoie au moment du souvenir : Je leur disais ( verbe à l'imparfait)
verbe qui renvoie au futur : on oubliera ( verbe au futur)
5/Le présent utilisé est le présent de vérité générale.
9/ Sur cette réponse je pense qu'il y a deux figures de style : la métaphore et la comparaison. Le souvenir de ces camarades le ronge


Merci beaucoup pour votre aide.
professeur 1
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Re: Questions Les croix de bois

Message par professeur 1 » mer. 1 févr. 2012 14:45

C'est bien pour les questions 1 (attention à bien recopier la forme verbale "je me souviens") et 5.

J'aimerais que tu recopies toute la ligne 40. J'ignore si le texte tel qu'il apparaît sur le forum a conservé la même disposition que le texte que tu as.
De plus, il faudrait que tu recopies exactement l'expression qui contient la figure de style.

J'attends tes réponses aux questions 6, 7 et 9.
Clara

Re: Questions Les croix de bois

Message par Clara » mer. 1 févr. 2012 15:29

9/ ligne 40 : "mais leur souvenir avec le temps, s'est creusé plus profond, comme un acide qui mord.."
La comparaison : le souvenir s'est creusé comme un acide qui mord
La métaphore : acide qui mord

6/ si jeunes, si confiants, si forts, mes camarades

7/ "dans la boue des relèves" ; "écrasant labeur des corvées" ; "tranchées" ; "boyaux" ; "gourbi"
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Re: Questions Les croix de bois

Message par professeur 1 » mer. 1 févr. 2012 15:50

Question 1 :
Une comparaion est introduite par un mot outil. Or, l'expression que tu donnes est trop longue. Tu as cité à la fois la comparaison et le comparé. Il te faut deplus trouver le sentiment que veut exprimer la figure de style.

Je pense que tu peux t'arrêter à la comparaison.

Question 6 :
"Mes camarades" est en effet une expression que le narrteur répète souvent pour désigner ses compagnons. Il a encore 3 autres expressions que tu peux trouver. En revanche, on n'attend pas d'adjectifs ("si jeunes, si confiants, si forts"), car on ne te demande pas comment les compagnons sont caractérisés.

Question 7 :
Tu t'es contentée de citer des expressions. ce n'est pas ce qui t'est demandé. Tu dois trouver 2 thèmes développés dans le texte. Tu dois les nommer et citer pour chacun d'eux des mots qui s'y rapportent. Revois dans tes cours ce qu'est un champ lexical. Ton professeur doit souvent en citer lors des analyses de textes.
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