Aide HDA carnet de front

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Moz'art

Aide HDA carnet de front

Message par Moz'art » dim. 22 mars 2015 16:07

Bonjour,
J'aimerais présenter lors de l'épreuve Histoire des arts l'extrait d'un carnet de front. Pouvez-vous me dire ce qu'il faut améliorer s'il vous plaît ? J'ai vraiment besoin d'aide ! Je tiens à préciser que l'oral devra durer seulement 5min.

Comment décrire? Quels mots prendre? Tout à l'heure nous avons traversé Meaux, encore figé dans l'immobilité et le silence, Meaux avec ses bateaux-lavoirs coulés dans la Marne et son pont détruit. Puis nous avons pris la route de Soissons et gravi la côte qui nous élevait sur le plateau du nord… Et alors, subitement, comme si un rideau de théâtre s'était levé devant nous, le champ de bataille nous est apparu dans toute son horreur.
Des cadavres allemands, ici, sur le bord de la route, là dans les ravins et les champs, des cadavres noirâtres, verdâtres, décomposés, autour desquels, sous le soleil de septembre, bourdonnent des essaims de mouches; des cadavres d'hommes qui ont gardé des pauses étranges, les genoux pliés en l'air ou le bras appuyé au talus de la tranchée; des cadavres de chevaux, plus douloureux encore que des cadavres d'hommes, avec des entrailles répandues sur le sol; des cadavres qu'on recouvre de chaux ou de paille, de terre ou de sable, et qu'on calcine ou qu'on enterre. Une odeur effroyable, une odeur de charnier, monte de toute cette pourriture. Elle nous prend à la gorge, et pendant quatre heures, elle ne nous abandonnera pas. Au moment où je trace ces lignes, je la sens encore éparse autour de moi, qui me fait chavirer le cœur. « Champ de bataille », ai-je dit plus haut. Non, pas champ de bataille, mais champ de carnage. Car les cadavres, ce n'est rien. En ce moment, j'ai déjà oublié leurs centaines de figures grimaçantes et leurs attitudes contorsionnées. Mais ce que je n'oublierai jamais, c'est la ruine des choses, c'est le saccage abominable des chaumières, c'est le pillage des maisons...

Etape 1 : Présenter l’œuvre
Bonjour, l’œuvre que je vais vous présenter est un extrait du carnet de front d’un poilu dénommé René Jacob. Né en 1887 et mort à Verdun en 1916, cet ancien boulanger a rédigé cette lettre en Septembre 1915, c’est-à-dire durant la Première Guerre Mondiale, de 1914 à 1918. Cette période donne un nouvel élan à la correspondance par lettres et marque ainsi l’âge d’or du courrier postal. En effet, on dénombrait environ 4 millions de lettres transmises par jour car peu coûteuses et seuls moyens pour les soldats d’échanger des nouvelles avec leurs proches restés à l’arrière. Cependant, la plupart ont été censurées pour éviter que l’ennemi n’obtienne des renseignements secrets et que les civils ne reçoivent des nouvelles angoissantes. Je tiens à ajouter que cette lettre aborde le thème de l’horreur des combats, ce qui me mène à démontrer que cette lettre de poilu peut témoigner de la violence des guerres.

Etape 2 : Décrire et expliquer l’œuvre :
• En effet, cette lettre témoigne de violences physiques des combats.
Par exemple, le poilu emploie tout d’abord la comparaison: « comme si un rideau de théâtre s'était levé devant nous» pour insister sur le côté à la fois spectaculaire et dramatique de la vue sur le champ de bataille. Il souligne également l'horreur de la guerre grâce au champ lexical de la putréfaction en utilisant les termes «cadavres noirâtres, verdâtres, décomposés, autour desquels, sous le soleil de septembre, bourdonnent des essaims de mouches»,« toute cette pourriture », ainsi que le champ lexical de la destruction tel : « la ruine des choses, le saccage abominable, le pillage des maisons ». Le registre utilisé est donc pathétique.
Ce soldat apporte aussi des précisions sur l’état des cadavres en utilisant l'énumération «noirâtres, verdâtres, décomposés», ce qui renforce la véracité de la scène.
On peut également relever une anaphore, c'est-à-dire une répétition du mot « cadavres » à chaque début de proposition, qui insiste sur l’omniprésence de la mort et touche autant français que les allemands.
Par ailleurs, on dénombre deux métaphores insistent sur le caractère insoutenable de l'odeur des cadavres : elle est désignée comme un prédateur qui attaque les soldats et « prend à la gorge», comme une tempête dévastatrice qui « fait chavirer le cœur».
René Jacob n’hésite pas non plus à comparer le champ de bataille en un champ de carnage en citant « non pas champ de bataille, mais champ de carnage », ce qui créé une rupture entre carnage qu’il décrit et les épopées héroïques relatées au Moyen-âge.
Il évoque « la ruine des choses, le saccage abominable des chaumières, le pillage des maisons », qui renvoient aux violences qui n’épargnent pas les civils.

• De plus, cette lettre témoigne de la souffrance psychologique de ce poilu face l’horreur du spectacle.
Par exemple, l'auteur commence premièrement sa lettre par deux questions rhétoriques « Comment décrire ? Quels mots prendre ? ». A travers elles, il se demande comment trouver des mots assez forts pour décrire l’inexplicable, l’horreur et la cruauté de la guerre.
Il emploie également le futur simple pour nous faire part de son traumatisme : « ce que je n'oublierai jamais, c'est la ruine des choses, c'est le saccage abominable des chaumières, c'est le pillage des maisons »
On constate également dans cette phrase la présence de la structure emphatique « c’est » qui sert à insister sur la destruction.

• Enfin, on assiste à une véritable déshumanisation des cadavres des soldats.
René Jacob les désignent par des « figures grimaçantes » et des « attitudes contorsionnées », ce qui leur attribue un caractère monstrueux, comme s’ils se métamorphosaient en des créatures cauchemardesques.

Etape 3 : Pour conclure, préciser

En définitive, René Jacob a voulu exprimer son épouvante face à la cruauté et aux violences inhumaines infligées quotidiennement aux soldats. Ainsi, cette lettre un témoignage authentique des violences de la guerre.
Elle a été particulièrement bien accueillie par le public car, par sa description réaliste de l’horreur des combats, elle figure aujourd’hui dans le livre « Paroles de Poilus », qui recueille les plus belles lettres des soldats de la Première Guerre Mondiale.
J’apprécie particulièrement la lettre de René Jacob car elle est pour moi un hommage à tous ces soldats qui ont sacrifiés leur jeunesse et souvent leur vie au combat pour préserver nos valeurs et permet une approche originale de la guerre qui ne figure pas dans nos livres d’histoire.
professeur 9
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Re: Aide HDA carnet de front

Message par professeur 9 » dim. 22 mars 2015 17:16

Bonjour,

Tout d'abord je tiens à te préciser qu'il convient de se choisir un prénom pour poser une question sur ce forum.
Ton travail semble bien mené et l'argumentation est solide. Tu pourrais insister sur l'indicible dans la deuxième partie et expliciter cette phrase qui n'est pas très claire : "René Jacob n’hésite pas non plus à comparer le champ de bataille en un champ de carnage en citant « non pas champ de bataille, mais champ de carnage », ce qui créé une rupture entre carnage qu’il décrit et les épopées héroïques relatées au Moyen-âge." Pourquoi as-tu choisi cette référence ?
Enfin, il convient dans ta conclusion d'ouvrir sur une oeuvre satellite.

Bon courage et à bientôt sur ce forum.
Verrouillé