HDA Antigone

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Marianne

HDA Antigone

Message par Marianne » mer. 7 mai 2014 14:07

Bonjour,

Pour l'histoire des arts, j'ai essayé de prendre Antigone mais je reste septique. Un avis d'un professeur m'aiderais beaucoup !

ANTIGONE de JEAN ANOUILH, 1944
Thématique : « Art, État, Pouvoir »

Jean Anouilh a réécrit la pièce de Sophocle en actualisant un mythe antique pour faire de l'héroïne un porte-parole de la tragédie moderne. La pièce, fut représentée à Paris le 4 février 1944, au théâtre de l’Atelier, alors que la guerre contre l’Allemagne nazie et la résistance redonnaient une nouvelle
actualité à la lutte d’Antigone contre Créon.

I. L'opposition des personnages : Antigone et Créon.

Antigone : jeune femme entière, emportée et révoltée. Elle ne renonce jamais, n’admet ni conseils ni remontrances : « Non, je ne me tairai pas ! » riposte-t-elle aux injonctions de Créon. Elle est résolument l’héroïne du « non ».

Créon : roi qui incarne l’ordre, le pouvoir et la loi de la cité. Il est soumis à son rôle politique. Sa conception de la vie est différente de celle d’Antigone. Plus modéré, il recherche un bonheur simple.

II. Le discours argumentatif : le débat sur le bonheur

Débat Créon / Antigone : Créon se retrouve seul face à Antigone, venant de commettre son crime, ayant tenté à deux reprises d'ensevelir son frère Polynice. S'étant fait arrêter pour avoir été prise sur le fait, il tente de la sauver. Il lui propose de faire accuser un garde, un complot, de faire mourir quelqu'un d'autre à sa place, et il essaie de la « ramener à la raison ». Mais elle reste sourde et impassible à ses arguments, elle « ne veut pas comprendre ». Il s'emporte alors, et fait ressortir ses propres défauts et ses faiblesses. Selon lui, il ne fait qu'accomplir son devoir, il n'a rien demandé… « Thèbes a droit maintenant à un prince sans histoire. Moi, je m'appelle seulement Créon, Dieu merci. J'ai mes deux pieds sur terre, mes deux mains enfoncées dans mes poches, et, puisque je suis roi, j'ai résolu, avec moins d'ambition que ton père, de m'employer tout simplement à rendre l'ordre de ce monde un peu moins absurde, si c'est possible. »
Il lui reproche également de choisir la facilité, de dire non… On pourrait penser, nous, lecteurs, que ce n'est pas facile de dire non, mais Créon, lui, pense le contraire. Il pense que ça n'est pas facile de dire oui… De savoir que parfois ces lois sont injustes, ou stupides, mais de devoir dire oui… Ou d'avoir un rôle et un impact trop important pour se permettre de dire non à la légère, de se rebeller, par principe… Mais une fois de plus, Antigone repousse son argument. « Qu'est-ce que vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique, votre nécessité, vos pauvres histoires ? Moi, je peux encore dire « non » encore à tout ce que je n'aime pas et je suis seule juge. » dit-elle, ou encore « Pauvre Créon ! Avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m'ont faits aux bras, avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine. » Créon la traite alors d'« orgueilleuse. Petite Œdipe »…
Il aborde alors le sujet de sa famille. Il reproche à Œdipe tout son orgueil qui a déteint sur Antigone… Et il dévoile la véritable personnalité d'Étéocle et de Polynice, deux voyous, ne valant pas mieux l'un que l'autre, n'aimant d'ailleurs même pas leurs sœurs, ni leur père, n'étant ni l'un un héros, ni l'autre un traître, mais tous deux des crapules, avides et cupides, s'étant bêtement entre-tués pour le pouvoir. Il avoue alors n'avoir aucune conviction que l'un est un héros ou l'autre un traître, c'est seulement pour le peuple… pour donner un bon et un mauvais exemple, le peuple a besoin d'un héros et d'un traître… Il avoue aussi qu'il ne sait même pas si le corps qui croupit là-dehors est bien celui de Polynice. Il reconnaît l'avoir pris tout à fait au hasard.




Devant l'absurdité de la religion, des rites, de tout cela, devant la stupidité de tant de conviction pour des choses que Créon lui prouve sans importance, Antigone est prête à céder… Mais Créon lui parle alors du bonheur qu'elle est si prête d'atteindre si elle refuse de mourir pour son frère. Un bonheur avec quelques concessions, mais un bonheur tout de même… Mais Antigone se rétracte aussitôt, par fierté et par principe. Elle témoigne alors de son rejet de cette société qu'elle n'a jamais accepté… « Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte… Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et de me contenter d'un petit morceau, si j'ai été bien sage. » dans ce moment de l'histoire rien ne se passe. Créon est à court d'arguments et devant l'emportement grandissant de sa nièce qui menace d'ébruiter l'affaire, il cède… Antigone veut mourir, eh bien, elle mourra…Malgré les supplications de son fils qui l'implore de gracier sa fiancée, la sentence est appliquée. Antigone se pend dans la grotte où Créon l'a fait emmurer vivante. Hémon perd alors l'admiration qu'il avait pour son père qu'il considérait comme un homme puissant et juste. Non préparé à tant de désillusions et rendu fou de chagrin par la disparition d'Antigone, il la rejoint dans la mort en se poignardant avec son épée. Eurydice, apprenant le décès de son fils, se suicide à son tour. Sa famille décimée, Créon, abandonné de tous, continue de gouverner les hommes en attendant sa propre mort comme une délivrance.

Débat Ismène / Antigone : cette confrontation n'est pas idéologique, mais plutôt modale, avec d'un côté Ismène, avec son tempérament passif « Il est plus fort que nous, Antigone » sa peur de la souffrance, de la mort et son envie de vivre normalement. Puis de l'autre côté, il y a Antigone, au tempérament actif. Elle connaît son rôle dans cette histoire et veut l'accomplir jusqu'au bout, sans se plier à la « sagesse humaine » : « Je ne veux pas avoir raison », « Je ne veux pas comprendre un peu ». Sa foi en l'absurde lui fournit une forme d'égoïsme, qu'elle emploie même contre elle-même.

Outre ces deux principales confrontations, il y a également des divergences Nourrice / Ismène et Hémon / Créon. Mais elles n'ont pas d'impact sur le récit. Il n'y a par contre aucune opposition Étéocle / Polynice, car, même s'ils se sont entre-tués, ils sont sur la même longueur d'onde.

III. Le poids du destin

Fille d’Œdipe, Antigone est en lutte contre un destin qui la dépasse, la broie et la conduit à une mort inéluctable.
La tragédie, machine infernale, condamne par avance les destins des personnages et ne laisse aucune issue possible. C’est ainsi qu’Anouilh concevait les mécanismes de sa pièce.

Antigone est la figure emblématique de l’adolescence en proie au doute. On se retrouve facilement dans cette héroïne passionnée et déchirée qui court vers la mort pour satisfaire sa soif poétique. Plutôt que de « comprendre » et d’être raisonnable, comme on le lui demande, elle s’engage dans une quête irrévocable d’absolu.

IV. Les différences entre Sophocle et Anouilh

L'adaptation de Jean Anouilh ne diverge pas, en somme, du texte d'origine écrit par Sophocle vers 441 avant J.C. Mais certains détails font que nous avons affaire à deux styles différents. Et ce particulièrement en la personne de Créon : tandis qu'Anouilh le fait paraître comme un homme victime de sa souveraineté, Sophocle, lui, le représente plus comme un dictateur. Il existe également une différence au niveau du fond, alors qu'Anouilh n'appuie pas trop son texte sur le caractère religieux, ce dernier constitue un moteur essentiel dans la version originale de Sophocle. Le message que veut passer le mythe grec serait donc : « Il ne faut pas déshonorer la loi qu'imposent les dieux ».
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Re: HDA Antigone

Message par professeur 14 » mer. 7 mai 2014 14:15

Bonjour,

Ce que tu écris peut convenir.
Quelle est ta question exactement?

en introduction, rappelle d'abord le mythe antique (c'est un mythe, avant de devenir une pièce de théâtre).
quand tu renvoies à des passages, donne le numéro précis de la scène et d el'acte.
Dans quelle scène est-il question de la métaphore de la machine pour la tragédie? Qui parle à ce moment-là?

enfin pour tout sujet d'Histoire des arts, il est bon de d'écrire et de donner les références précises des sites Internet ou des livres employés pour faire son exposé.

Bon courage et à bientôt sur ce forum.
Verrouillé